lundi 14 septembre 2015

Elucubrations Nocturnes. #1


Alors il se glisse contre moi dans le sofa et du coin de l'oeil, je l'observe doucement. Je suis persuadée qu'il sait que je ne dors pas vraiment, que je fais semblant. Mais il ne dit rien et se couche contre moi, l'air de rien. Le temps semble alors s'être suspendu tandis qu'à mon cou se glisse son souffle chaud. Je ferme les yeux et souris, bercée par l'ataraxie de l'instant. 

On ne parle pas suffisamment du bonheur. Je le soupçonne de ne pas être assez vendeur. Les gens veulent du sang, de la haine et de la peur. Comme pour se rassurer. Ainsi pourront-ils penser que leur existence n'est pas si terrible, qu'il y a pire. Pourtant, il leur suffirait de profiter des petits riens qui font la vie, des bonheur inconscients sur lesquels jamais on ne se penche. 

Je m'épanche un instant - juste un - sur la misère mondiale. Tous ces bonheurs dont on ne sait profiter, tirer bénéfices. Toute cette  allégresse à laquelle on se refuse, de peur qu'elle ne s'échappe. Et j'hésite à savoir s'il faut en rire ou pleurer. L'homme qui est le plus exposé aux délices que peut procurer la vie est, semble t-il, celui qui en tire le moins profit. Serait-il incapable de déceler les bonheurs simples au point de s'en priver complètement ? 

Contre les vitres s'écrase la pluie qui annonce l'arrivée de l'automne. Dans la cheminée brulent comme une amorce au froid, quelques buches. Et je crois m'être endormie. Plus rien ne bouge. Seuls les corps se serrent. Seuls les souffles se mêlent. Ne reste que le bonheur. De ceux qui ne possèdent rien mais qui ont déjà tout.