jeudi 25 septembre 2014

Nyx,Thanatos et Hypnos.

Mon amour,
Voilà une semaine que tu n'as pas cessé de dormir. Rien n'évolue et j'ai peur que ça ne change pas. Ton fils ne comprend pas. J'ai essayé de lui expliquer que tu allais sûrement revenir vite. Mais il ne parvient pas à saisir. Il te cherche partout, dans la maison, dans la rue. Et même dans ses rêves. Il a tellement de choses à te dire que tu ne peux pas rester dans cet état plus longtemps.
Dis mon Amour, réagis. Je sais que tu m'entends. Alors ne reste pas insensible comme ça. Ne reste pas insensible car la petite va bientôt arriver. Et j'aimerais que tu sois là pour la voir. J'aimerais que tu sois le premier à la serrer dans tes bras, à la voir, à l'embrasser. À lui dire je t'aime. Un enfant ne peut pas vivre sans père. Et je refuse de vivre sans toi.
Alors j'aimerais te dire que je t'aime. Et t'embrasser encore pendant un millénaire. Même deux. Ou trois si tu en as envie. J'ai envie qu'on s'aime, qu'on s'engueule comme des enfants, qu'on se battent et qu'on se réconcilie au lit. Réveille toi, il y a la vaisselle à faire, et J. à emmener au square. Et puis, j'ai des échographies à te montrer. Le bébé va bien, je t'assure, j'en prends soin. Le médecin a dit qu'elle ne serait pas très grande. Et moi, je pense qu'elle aura tes yeux. C'est certain. Bleu ciel, comme deux bijoux. Ce sera la plus belle des petites filles et je veux que tu sois là pour la voir. Reviens. Reviens moi. Heureux et souriant. Comme avant. Reviens parce que je ne peux pas avancer sans toi. Je ne peux rien faire, je ne suis rien. Je suis perdue, presque orpheline. Et morte de trouille, surtout. Tu ne peux plus faire ce que tu as envie, tu n'es plus tout seul. Tu as une famille, des gens qui t'aiment et qui t’attendent. Fermement. Qui pensent à toi tous les jours. Et il y a moi. Moi, et les enfants. Moi qui ne vais pas supporter ton absence très longtemps, moi qui meurs de ton silence.

Morgane. ©






dimanche 21 septembre 2014

Mièvreries modernes.

- T'es amoureuse ?
- T'as quel âge pour me demander ça ?
- Bah tu me réponds ?
- ... Je sais pas. En fait, ça n'a jamais été comme ça avant. C'était simple. Deux ou trois papillons se battant en duel dans mon estomac. Et peut être un frisson, une fois. Mais je m'en accommodais au final. Je m'en accommodais parce que je ne savais pas ce que c'était, véritablement. Ou peut être que je n'y croyais tout simplement pas. C'est stupide parfois, l'humain. Ça se bloque, ça s'impose des barrières, des limites. Pour se protéger sans doutes. Par peur. Ça s'empêche de vivre, dans le fond. J'ai dû craindre le pire, craindre de tomber dans l'ennui, et d'en souffrir. J'ai sûrement voulu éviter les fins bateaux, arrosées à l'eau de rose. Non moi, je voulais quelque chose de grand, puissant. Et ne pas tomber dans un leitmotiv soporifique que beaucoup entretiennent et finissent même par user. Tout ce que je voulais moi, c'était quelqu'un pour me suivre même à l'autre bout du monde. Pas un stupide Prince Charmant sur son cheval blanc. J'aime pas les chevaux, de toute manière... En réalité, je ne sais pas trop ce que je suis. Mais je sais que ça me plait. Je sais que l'idée de me lever le matin en trouvant quelqu'un à côté de moi me plait, savoir que je peux compter sur l'autre quand ça ne va pas, me plait, partager mes dimanches après-midi sous la pluie avec un être qui ne bronche pas parce qu'il est avec moi me plait. Tu comprends ? J'adore sourire pour rien, devant un mot, une image. Et avoir les pensées embrouillées en permanence. Penser que finalement, l'avenir n'est pas si obscure et que je n'aurais pas à l'affronter seule. C'est ça, que j'ai.

Morgane. ©