samedi 18 octobre 2014

XXX - XII - MMXIII

Tu espères qu'il se souvient. Mais en vérité, tu n'en sais rien. Tu ignores tout. De ce qu'il pense de toi, je veux dire. Et ça te frustre. Ça te frustre du plus profond de ton âme car tu sais qu'à cet instant, la seule chose que tu rêves de frôler, ce sont ses lèvres. Et plutôt que cela, tu le suis, tu t'intéresses bêtement à ce qu'il te raconte. C'est con, d'être amoureuse. Tu l'as d'ailleurs toujours dit. C'est laid, et vulgaire. Trop populaire. Tu t'es voulu impérieuse, mais tu es minable. Et coupable. De ta perte. De ces conneries qui te pourrissent la vie. Tu es coupable du chemin que tu as parcouru jusque là, et qui ne t'a mené à rien. Tu es coupable et incapable d'aimer. Trop peur. De tomber, sûrement. Faut arrêter de se mettre sur un piédestal, de se protéger. Faut savoir se jeter dans la gueule du loup. Et s'y sentir bien. Allez, prend ton courage à deux mains. C'est pas bien compliqué, c'est une question de volonté. Dis lui, fais le. Saute lui dans les bras et n'en sors jamais plus. Mais allez, qu'est ce que tu attends ? Trop tard, tu vas rentrer. Oui déjà. Tu lui as répondu que tu étais désolée. Et lui aussi l'était, je crois. C'est con d'aimer seul. Ça l'est encore plus d'aimer seul, mais ensemble. 

Tu es finalement repartie. Tu as repensé à cet été ? Bien évidemment que tu y as pensé. A tout ce qui s'est passé. Comment l'oublier, tu te le dis toi-même. Impossible, inimaginable. Tu refuses même l'idée de voir les souvenirs s’altérer avec le temps. C'est trop précieux, les souvenirs. C'est la seule chose dont tu as droit, les souvenirs.  Tu te rappelles de tout. Avec une précision hors du commun. Surtout comment il avait su t’envoûter, sans forcement le vouloir. D'ailleurs, tu lui en avais voulu de ne pas le vouloir. C'est certain. 

" Je t'en veux, de ne pas m'avoir retenu, de ne pas avoir séquestré mes lèvres. Je t'en veux de ne pas me les avoir arraché, presque violé. Je t'en veux de ne pas me désirer autant que je voudrais te serrer contre moi. Je t'en veux de ne pas me montrer un intérêt certain, presque violent. Voir vulgaire. Car je me fous des conventions et du qu'en dira-t'on. Je me fous de toutes ces choses. Et encore plus quand tu es avec moi. Je me fous de ce que pensent les gens et de ce qu'il faut faire ou no,. Je nous veux bruts, originels. Et pas de ces amours cachés que l'on voit - ou plutôt pas - , par honte de la faiblesse que montre le sentiment.

Tu écris, des futilités. Ça t'aide à exister. Parfois, tu imagines qu'il les lit. Et comprend. Mais jamais les choses n'arrivent comme on l'entend. La vie n'en serait que trop simple. Alors tu te contentes des autres. Comme des pansements. Et Dieu sait qu'il va t'en falloir. Dans l'orgueil, tu refuses de l'avouer. Mais tout le monde le sait, que ton cœur est détraqué. Détraqué d'avoir un jour trop vite aimé. Et d'avoir été brisé, d'un coup d'un seul. En un phrase, jetée au vent. Tel un détail insignifiant. Tu refuses d'y croire à présent. Seul le charnel à de l'importance. Tu crois que ça va te changer les idées. Mais ça ne fait que te confronter encore plus à ta solitude. A la difficulté que tu as à te confronter à la réalité. Tu ne peux pas tout contrôler, tout diriger. Tu ne peux pas jouer les dictatrices sans cœur, enfermée dans ton orgueil. Et qui pourtant, se meurt. Et se terre dans un silence amer. Personne n'est dupe car tout le monde connait la difficulté du sentiment. Tu ne trompes personne, si ce n'est toi même. Tu aimerais te croire plus forte. Alors tu t'abandonnes. Tu joues les filles insignifiantes. Pour provoquer. C'est la seule chose en laquelle tu as foi ; choquer pour exister. Et rien d'autre. Le reste n'est que fantaisies et conneries à la Marc Levy. D'ailleurs, c'est tout ce que tu méprises. Si tu ne méprises pas déjà tout. Jusqu'à toi. Tu vis par contrainte, presque par obligation. Cioran a dit " Ne nous suicidons pas tout de suite, il reste quelqu'un à décevoir." Cette phrase, tu la fais tienne. Tu te l'approprie, tu lui voles presque. Le comble de l'ironie, c'est qu'il a trouvé la mort lorsque tu as trouvé la vie. A croire que tu lui a tout pris. 

Des mois sont passés. Et tu n'as fait que jouer. Tu as erré, petite conne des grands boulevards, cigarette bordant la lèvres, en t'acharnant à oublier ce connard de Prince Charmant qui n'a pas su t'embarquer sur son cheval blanc. Et on en revient au même point, au début de l'histoire. Tu espères qu'il se souvient. Mais en vérité, tu n'en sais rien. Tu ignores tout. De ce qu'il pense de toi, je veux dire. Et ça te frustre. Ça te frustre du plus profond de ton âme car tu sais qu'à cet instant, la seule chose que tu rêves de frôler, ce sont ses lèvres. Et plutôt que cela, tu le suis, tu t'intéresses bêtement à ce qu'il te raconte. C'est con, d'être amoureuse. 

Morgane.© 


XXX - XII - MMXIII














dimanche 5 octobre 2014

A la poursuite du bonheur. Part. 1.

Ce matin, je fais le constat effarant que le bonheur n'est plus. Dans notre société 2.0, parler d'amour me fait passer pour une OVNI. Et pourtant, mener par l'espoir d'en trouver le visage, je pars à la conquête de cette chimère qui a fait la fortune de bien des sites de rencontres sur le net. Et pourquoi pas nous ? Serions-nous condamnés à la misère universelle ? A l'appauvrissement des coeurs ? A l'inutilité des sentiments ? Laideur et odeur de souffre. Alors j'ai fait la liste, non exhaustive, de ses endroits où le bonheur est manifeste. 

Chapitre 1 - L'amour est un quai de gare.

Le quai de la gare est bondé, noirci par la foule qui s'y presse et y chahute. Un joyeux maelström d'impatients. De départ. Ou de retour. Les enfants courent. Les mères aussi. Comme souvent. Inquiètes pour leurs petites têtes blondes qui n'ont que faire du danger ambiant. La gare est un carrefour. Un carrefour d'existences. Tout le monde s'y croise, s'y rejoint, s'y retrouve. Ou s'y trouve, parfois. Assise sur un banc, j'observe ce mouvement permanent. Des allées. Des venues. Un mélange incongru oscillant entre sourires crispés et pleurs de joie. On y passe, on y travaille. Et on y attend. Le plus souvent. J'observe une jeune femme, blonde, les yeux rivés sur son téléphone, qui n'a de cesse de regarder l'heure. Elle semble bien tendue. Comme si sa vie dépendait de cette arrivée. Elle piétine, fait les cent pas. Par moment, une légère brise s'engouffre sous sa robe. Elle soupire, et regarde l'heure de nouveau. Je la sens tendue. Extrêmement tendue. À cet instant, son cœur bat si fort qu'il pourrait s'échapper de sa cage thoracique, l'air de rien et venir s'entrechoquer avec le macadam jonchant le quai. Elle respire fort. Très fort. Ce n'est en rien naturel.

Et soudain, son regard s'éclaire. Le train s'arrête. Un homme, vêtu de blanc et de bleu, s'échappe alors de la lourde carcasse de fer pour fouler le sol. Mais à peine a t-il posé un pied sur terre que déjà, la jeune blondie détale jusqu'à son cou. Elle saute, l'agrippe fortement. Comme si elle craignait qu'il ne s'agisse d'un rêve. Je crois même que le coin de ses yeux est humide. Elle pleure. De soulagement. Dieu sait combien de temps elle a tenu loin de cetêtre qui semble symboliser un tout. Son tout. L'amour alchimie, mécanique. Elle pleure de nouveau. Longuement. Et se serre dans ses bras. Encore. Pour faire durer l'instant. Pour saisir l'éternel. Pour lui répéter encore et encore des je t'aime. Infinis et flamboyants. Comme la promesse d'un avenir à deux. Dis, tu ne repars pas hein. L'espoir souligne ses traits et se hissant sur la pointe des pieds, elle embrasse sa joue et serre sa main dans la sienne en lui avouant qu'elle lui en a voulu de lui manquer autant. 

Voici le sentiment. Le reste n'est que littérature.

Morgane. ©