jeudi 28 avril 2016

Requin-tigre. #2

T'as toujours été un petit con. J'ai cru que tu pouvais changer. Je me suis trompée. C'est la dernière fois qu'elle t'a parlé. D'abord, c'est ton égo qui a pris. Parce que ça fait mal, assurément. Puis ton coeur a pris le relais lorsque tu as compris que non, elle ne reviendrait pas. Une douleur qui n'est pas palpable est pourtant bien présente. Au début, tu n'as pas bien compris. Tu as cru à un jeu. Elle ne pouvait pas te faire ça. Plus maintenant. Elle devait avoir pris l'habitude de tes virées nocturnes pas très nettes et de ces kilomètres de secrets que tu trainais derrière toi. Elle aurait du savoir, à force, qu'il ne fallait plus s'étonner de rien. Et pire encore, qu'il fallait composer avec. Et pourtant, elle t'a laissé comme un con. Dans ta vie de con. Elle a pris ses clic et ses claques en se promettant que plus jamais tu ne la referais pleurer. 

Et ça fait six mois maintenant, que tu l'attends, persuadé que ce n'est qu'une mauvaise passe, qu'elle reviendra. Cela fait six mois que tu l'attends, assis sur le sofa, face à cet écran de télévision qui, malgré son agitation, semble vide. En permanence. Plus rien n'a de goût, la vie est devenue fade. Tu fumes tes cigarettes par deux pour t'assurer de ressentir leurs effets. Et tu attends, à longueur de journée, dans l'obscurité de la vie, sans oser la rappeler. Par fierté, évidemment. 

Ce que tu ignores, c'est qu'elle, ne t'attend pas. Loin de là, même. Non, elle t'a bel et bien oublié. Elle n'y pense plus. Plus jamais. Elle se l'ait promis ; elle a tenu. Elle n'y pense plus. Parce que le passé heurte, parfois. Il heurte si fort même, qu'il faut savoir en faire abstraction pour avancer. Il faut apprendre à ne plus regarder en arrière pour être sûr de ne pas replonger. Et c'est ce qu'elle a fait. Il paraîtrait même qu'elle t'a remplacé. Un pauvre type, dit-on. Mais sûrement pas autant que toi. Pas autant que toi qui a attendu de la perdre pour l'aimer. 

Le bonheur était si proche que tu ne l'as pas vu, juste sous ton nez. Tu n'as pas voulu le prendre au sérieux, le pensant acquis d'avance. Mais rien n'est jamais acquis. Et surtout pas le bonheur. Non, il demande des efforts surhumains. Dont peu sont capables. Il demande des sacrifices. Souvent le sacrifice d'une vie. Il s'entretient. Tout le temps. A chaque instant. 

Alors te voilà Jules, bien seul, perdu dans ces souvenirs passés qui continuent à nourrir l'espoir de ton présent. Tu feins de t'en foutre. Mais tu ne persuades personne. Et surtout pas toi. Parce que tu as eu mal. Comme jamais. Tu as eu mal à en crever lorsque Victoire t'a quitté. On t'a amputé de ton dernier lien avec la réalité. Pour toujours et à jamais. Et rien ne sera plus jamais comme avant à présent. Tu manges, seul. Tu dors, seul. Tu vis, seul. Tu baises, seul. Seul avec l'amertume de ces jours que tu aimerais oublier. Mais dont tu ne parviens pas à faire abstraction. Tu as perdu toutes les batailles. Même celle de la vie. 

Inutile de venir chialer. C'est la réalité qui t'a rattrapé.

Morgane.©



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