samedi 11 avril 2015

Les pessimistes maladifs.

J'ai le pessimisme facile, les jours dociles. Je parviens, malgré moi, à me convaincre que le bonheur ne dure pas. Que l'allégresse comporte son lot de tristesse. On pourrait appeler cela l'amertume des beaux jours. L'ivresse à double tranchant, la paranoïa des gens heureux. De ceux qui sont incapables de profiter des beaux jours. Car après le beau temps, vient la pluie. Car rien ne dure. Car tout se paie. Je suis de ces gens qui craignent, d'un passé douloureux, et de façon maladive, le bonheur. 

L'affliction permet de ne jamais avoir à tomber. Elle a ce côté rassurant. Plus rien n'est à perdre quand nous sommes déjà six pieds sous terre. Il ne reste qu'à se relever. Alors qu'aux sommets vertigineux d'une ivresse instable, chuter n'est pas si difficile. Se faire pousser serait même trop simple. A quoi bon lutter contre une chute inévitable lorsque l'on peut s'en tenir à la stabilité. Le bonheur modéré est l'assurance de ne jamais finir la gueule cassée. 

Il faut se méfier des gens heureux, ils ont souvent des choses à cacher. Eux aussi ont des cadavres dans leurs placards. Ce n'est pas propres aux incorrigibles mélancoliques qui ne parviennent à se satisfaire pleinement de l'instant pour en oublier la réalité trop présente. Un coup de couteau arrive trop rapidement. Souvent sans avoir à être mérité. Il ne suffit pas d'appeler la poisse pour qu'elle frappe à votre porte et pointe le bout de son nez.


Morgane.©



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