vendredi 12 août 2016

" L'agonie est solitude." H. Leblanc

Tu te pensais intouchable, instable. Tu t'étais même promis de ne jamais rien ressentir. Le but était de ne pas faire de ta vie un supplice. Tu croyais possible de jouer les coeurs de pierre et tu en avais même fait ton crédo. Tu te voulais mentor de cette génération qui, vivant la frénésie du divorce, n'avait plus que pour seule certitude la mort. Une existence sans accros, où la nuit emporterait avec elle, les souvenirs passés de ces corps que tu n'aimeras qu'une fois l'obscurité installée. Ne pas s'attacher, jamais. Pour ne pas risquer d'aimer. Et d'être brisé. Tu ne voulais pas ressembler à ces pères et mères que tu avais vu tant de fois pleurer. Ton existence ne pouvait décemment pas ressembler à celle de ces hommes, de ces femmes qui avaient souffert de trop aimer.

Tu te voulais robot d'acier, traversant le temps sans jamais en subir les oscillations. Tu te pensais assez fort pour ne jamais laisser ton coeur à l'abandon. Tu croyais qu'avec un peu de conviction, tu échapperais aux élucubrations de l'amour. Comme si ton exemple était à suivre. Comme si l'on pouvait vivre sans jamais subir les désirs de son palpitant. Comme si l'on pouvait échapper à tous ses désirs encombrants.

Et puis arrive l'âge où le bilan s'impose, l'heure de faire le bilan. Alors tu cherches le bonheur dans tes instants. Tu cherches le bonheur en t'envolant. Le constat est terrible ; tu as vécu sans joie. Tu n'as pas vécu pour toi. Impossible de revenir sur les évènements ; ta quête était dérisoire. Ton projet, un échappatoire. Tu n'as jamais su profiter de la vie et aujourd'hui, c'est la solitude qui t'assassine.



Morgane.©

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