mardi 29 octobre 2013

A la terrasse des cafés.

Cinq Octobre deux mille treize. 

Assise à la terrasse de ce petit café de centre-ville, je m'engage à profiter du soleil une dernière fois avant que celui-ci ne meurt. L'été Indien m'embaume. Trop en avance, comme toujours. Alors j'attends cette amie qui n'arrivera pas avant une heure, le regard flou sur la foule peu dense. Face à moi, trois femmes d'un âge avancé. Parfois, j'envie leur allégresse. Cette gaieté qui les sublime. A croire qu'à cet âge, la vie est bien plus douce qu'à l'aube des vingt ans. Les jours se ressemblent et putain ce que c'est triste à mourir. Cigarette aux lèvres; voilà bien la seule chose qui me plaît. Fumer et m'embaumer de ces quelques effluves d'un cancer qui n'arrivera que trop tôt. Tant pis, je prends le risque de raccourcir mon existence. A quoi bon vivre si c'est pour s'encrer dans la monotonie des jours anciens, ceux que l'on a déjà vécu et que l'on risque de revivre, encore, en boucle. Comme un éternelle recommencement. Comme une ritournelle enfantine qui nous reste en tête des heures entières. Un Coca-Cola s'il vous plait. Zéro. C'est pour se donner bonne conscience, le zéro. J'imagine qu'avec si peu de calories - parait-il - j'aurai moins de remords à savoir des enfants surexploités dans un pays du tiers monde pour une gorgée de cette boisson qui au final, n'est que d'une banalité affligeante. Je repose mon verre, jette un oeil au prix. Puis à ce bouquin de Houellebecq, trouvé dans un rayon. Plateforme. Quelques pages. Puis mon âme vagabonde, vers quelques insatisfactions. Je rêve d'un vers de blanc dont la couleur rendrait le soleil pâle. Des rires se déversant, cognant contre mon palais. Sur les toits Parisiens, l'amour en chemin. Des regards que l'on s'échange, sans que la parole n'ait à s'en mêler. Mais rien. Ce sont les vibrations de mon GSM sur l'imitation marbre de la table qui me rappelle à l'ordre. Je le maudis d'exister à cet instant. Tout comme à la réalité d'être réalité. Un sms plein de promesses. On se dit toutes ces choses qu'on ne tiendra pourtant pas. Le regard curieux, je relève la tête. Les couples s'entassent à cette terrasse. A croire qu'ils se sont passés le mot. Un instant, l'envie de me lever me prend. Leur dire qu'ils ne ont tort, qu'ils court à la catastrophe. Mais je me retiens de déverser toute cette haine. Parce que finalement, ils n'ont pas l'air si malheureux que cela. Peut être est-ce cela finalement, le bonheur. Je reprends une cigarette. C'est mon bonheur à moi, le tabac. Ça excuse tout. Ça efface tout. Promesse néfaste. J'évite d'y penser, et la laisse encrasser mes poumons déjà meurtris. Tant pis. Du Air dans les oreilles. Je quitte le vrai. Sans regrets. Quelques Euros abandonnés sur une table, une dernière gorgée et une cigarette qu'on rallume. Je me lève, et préviens mon amie ; Je ne supporte plus le bonheur d'autrui.

Morgane.



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