samedi 8 février 2014

Somnambules Urbains.


Tunnel - Fauve.

Dans Paris de nuit, j'avais pris l'habitude de traîner. Seule et pour pas grand chose. Observer les rues et les gens qui traînent leur carcasse mal assurée. Impressionnant, je t'assure, le nombre de personnes errantes. A la recherche de la vie, très certainement. Pas des modèles de conduite, certes. Mais ils semblaient avoir une vraie histoire. Gueules cassées, regards abîmés par l'existence, l'hypocrisie. 

Talonnant du pavé, j'aimais à redécouvrir Paris. Le long des ruelles baignées dans l'obscurité, les vieux lampadaires de fer forgé faisaient figure d'insolite. Des points de lumière comme l'illusion d'un espoir qui transpercerait le noir. C'était beau, presque grandiose. Surtout très idiot. Paris et la Seine. Qui me rendait amère. Ces hommes, ces femmes, qui le long des quais s'embrassent. Un goût fadasse dans la bouche. Comme allergique de ce qu'ils dégagent. Un bonheur qui ne plait plus. Un bonheur qui n'intéresse plus. 

On court. Toujours. Pour tout. Pour rien. Seul face à son destin. Somnambule urbain. On cherche l'éternité au coin d'une rue. Au bout d'un chemin. Le pardon ultime. S'apaiser. Quitter la réalité. Et respirer. A pleins poumons. Une fois dans la vie. Rêver. Toujours rêver. Parce qu'il n'y a plus que cela qui nous maintient en vie. Face à la folie maladive de l'homme, l'amertume de son regard, l'égoïsme de son défunt palpitant. Et ses silences. Toujours les silences. Sur ces mots que l'on ne dit plus. Sur ces maux que l'on avoue plus. 

Voilà ce que sont ces visages. Des rêveurs perdus dans l'obscurité de la nuit. Perdus dans l'onirique. Bercés par les chimères d'une vie nouvelle. Et plus belle. Oiseaux de nuit que le jour éblouit à force de trop de réalité. A force de trop de vérités. 

Morgane. ©

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