jeudi 12 mai 2016

Bienvenue en réalité.

J'ai pas compris cet essoufflement soudain. Ce lâché-prise, trop rapide. Je me suis laissée tomber . Je me suis laissée emporter, balayer. L'air de rien. Je ne voyais pas de mal. Je ne comprenais pas l'impact. J'ai cru que c'était facile. Trop facile. Que l'on pouvait perdre consciemment le contrôle. Sans avoir à s'en soucier. En pensant qu'on le ferait pour soi. Je me suis laissée emporter par une image agréable, une conception toute jolie de ce que pourrait être ma vie. J'ai pensé que la confier me soulagerait. A croire que je n'étais pas apte à me supporter moi-même. A supporter mes envies, mes pulsions, mes désillusions. Et toute ces conneries qui forment nos vies. A croire que j'étais incapable de prendre des décisions, de savoir quel était le bon chemin, le bon choix. Rien. J'ai choisi de me laisser vivre. J'ai choisi de m'oublier. 

Je me suis laissée glisser. J'ai perdu pieds. C'était inconscient. Et puis je me suis réveillée. De ses réveils désagréables. Comme lorsque l'on rentre de boite, à cinq heures du matin, après une quinzaine de shots de Vokda. Je décuve de ma propre incapacité. Je me réveille tout juste, avec un goût amer dans la bouche, celui de l'échec. Et j'ai compris. J'ai compris que j'avais passé ces dernières années en jetlag. J'ai compris que je n'avais plus la conception du bien et du mauvais, du vrai et du faux. Il n'y avait que l'envie, celle de découvrir, de voir, de toucher. Et parfois de se bruler. Se cogner pour se sentir exister. Je n'avais jamais eu conscience du temps qui passe. Et qui parfois nous dépasse. 

Je me suis réveillée dans le vrai. Dans un truc que j'ai tardé à prendre au sérieux. Dans un monde où personne ne rattrape ta chute, où les gens disparaissent pour de vrai, où on pleure, où on a peur. Où tu te questionnes, souvent. Où tu peux être dans la merde. Souvent aussi, d'ailleurs. Où tu te retrouves spectateur de ceux qui crèvent sous les ponts, des enfants qu'on exploite, des innocents qui périssent sous les détonateurs sans en connaitre la raison. Un monde où tu choisis d'être exploitant ou exploité. Pour un jour, finir par ne voir que toi. Te renfermer sur toi pour ne plus rien voir, pour ne plus rien avoir à supporter. Les yeux des gosses, des hommes et des femmes. Et leurs regards envieux sur ta condition que tu ne mérites pas vraiment, que tu ne dois qu'à ta naissance. 

Je me suis réveillée, j'ai compris la misère de la réalité. Et ça m'a donné envie de chialer. 


Morgane. ©

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