mercredi 22 janvier 2014

J’accoutume mon âme à souffrir ce qu'ils sont.

J'aurais pu aimer l'obscurité dans tout ce qu'elle a de tragique, fatidique. Et à la fois d'absurde. L'obscurité est un délire subtile et une beauté sans nom. Rien n'est plus agréable que les ombres tremblantes et jaillissantes. Ce sentiment transcendant mais surtout transcendé. La nostalgie amère qui nous inonde et nous rassure à la fois. L'obscurité a de grandiose qu'elle nous transperce de souvenirs et nous connaît. Elle nous connaît car elle sait faire jaillir les sentiments passées. Elle pousse à la réflexion. L'obscurité est le moteur de toute chose. J'envie l'être qui connaît l'immensité de l'obscurité là où moi, je n'ose rien d'autre que la fuir, de peur qu'elle m'engloutisse. 

Car je ne la supporte pas, non. Je ne supporte pas que l'on me cerne. Être à nu m'angoisse au plus haut point. Comme le couteau sous la gorge. Je crains de perdre cette liberté dans les limites que je cultive. Celle des faux-ressentis, de la moue intemporelle, du regard hagard et solitaire, finalement. Rien n'est plus laid, plus ennuyant que l'être qui n'a plus rien à dévoiler, que l'on peut penser acquis. L'honnêteté dans sa dimension la plus tragique. 

Je vis avec la nécessité du pathétique. La pluie qui s'écrase contre les vitres des grands ensembles gris, merdiques. Comme une camée, je revendique mon attrait toujours grandissant pour le dramatique. Gamine funeste et hors du temps. Corrosive, sans avenir. J'ai cette image onirique de ces hommes, ces femmes, qui à défaut de savoir encore vivre, se shootent à la mélancolie. Parfois en espérant y rester. Pour de bon. Les autres ne jouent qu'avec leur vie en se retournant le coeur à grands coups de bonheur. Bonheur enfoui, disparu. Le bonheur qu'on oublie. Trop vite. Et qui blesse encore plus en revenant.

                     Morgane. ©


                       

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